François FEIJOO, président de Procos et Emmanuel Le ROCH, délégué général ont fait un point complet sur la conjoncture 2018 et les perspectives 2019 pour le commerce spécialisé.
Les représentants de Procos ont insisté sur les importantes difficultés consécutives aux actions des Gilets jaunes dans les différents territoires et sur les pertes significatives de chiffres d’affaires en novembre et décembre. La Fédération précise l’importance de mobiliser les acteurs de l’écosystème du commerce (administration, banques, bailleurs…), qu’ils accompagnent activement les enseignes dans leurs difficultés ponctuelles (trésorerie…) et leur permettent de poursuivre les investissements dans les transformations en cours du modèle retail.
« Nous avons multiplié les échanges avec le gouvernement ainsi que divers interlocuteurs du monde financier et des grands bailleurs. Ils ont été attentifs, préoccupés par les conséquences économiques potentielles pour les réseaux et leurs franchisés et se sont engagés à prendre en compte la situation exceptionnelle pour analyser les situations » indique François FEIJOO.
Procos a mis en place un dispositif spécifique qui permet d’être attentifs aux difficultés que pourraient rencontrer les enseignes dans l’application des mesures d’accompagnement gouvernementales (Urssaf, tva…) et des engagements pris par les banques d’étudier les demandes des entreprises avec bienveillance. Le cas échéant, Procos alertera les instances nationales et mettra tout en œuvre pour fédérer les acteurs ad hoc les plus adaptés en cas de difficulté spécifique non appréhendée correctement au niveau local ou de situation économique particulièrement préoccupante.
2018 est marquée par une baisse d’activité significative pour les magasins (- 3,3 %). La baisse de fréquentation des points de vente s’est à nouveau accélérée après une année 2017 plus favorable. Les ventes des enseignes sur internet continuent leur croissance (+ 13 % selon le panel Procos), signe que les différents acteurs poursuivent leur adaptation aux attentes des consommateurs et au retail de demain.
Sur la fin de l’année, l’impact des actions des Gilets jaunes a bien entendu été très important. Le chiffre d’affaires des magasins baisse de - 3,9 % en décembre. Procos a expliqué que la mesure réelle des conséquences nécessitera d’étudier les différences d’impacts selon les villes et les territoires à l’issue des soldes.
« 2019 débute difficilement mais présente de nombreuses raisons d’espérer et d’avoir un regard optimiste, grâce aux mesures favorables au pouvoir d’achat des Français. » affirme Emmanuel Le ROCH.
Les tous prochains mois seront déterminants. Il est important que les soldes soient le plus performant possible afin de réduire les stocks et reconstituer partiellement les trésoreries. Difficile d’établir une approche prospective sérieuse des prochaines semaines : comment se dérouleront les prochains weekends ? Le grand débat national permettra-t-il d’apaiser les comportements ?
Comme chaque année, Procos a présenté les travaux de son Observatoire de l’immobilier commercial, les surfaces commerciales autorisées et crées poursuivent le ralentissement observé depuis 2015. L’entrée en vigueur des dispositions de la loi Elan en 2019 pourrait accélérer encore ce phénomène. « Ce développement ralenti se concentre sur des valeurs sûres, retail parks et modernisation du parc via des extensions » souligne Alexandre de LAPISSE, directeur du bureau d’études de Procos.
Présentant l’état d’avancement de la mise en œuvre de la loi Elan, Procos, qui soutient la volonté de redynamiser les centres-villes depuis l’origine, a regretté la complexité de la loi et les difficultés d’application qui en découleront. Procos a également rappelé que ce sont les élus locaux qui devront s’approprier la loi pour en faire un outil de modernisation du commerce. « Ce sont les territoires qui décideront de faire de cette loi un outil de blocage ou de coopération entre les acteurs pour le commerce de demain dans les bassins de vie » indique Emmanuel Le ROCH.
François FEIJOO rappelle que « Les commerçants s’adaptent, se transforment et c’est la priorité pour répondre aux attentes des clients, il faut poursuivre en ce sens et accélérer ».
Aller vers un autre modèle économique du retail est obligatoire, avec de nouveaux équilibres, une structure de coûts adaptée au nouveau modèle d’activité. Nouveaux formats, tests, digitalisation, data clients, maillage combiné magasins/supply chain, collaboration entre les enseignes sont autant de thèmes sur lesquels travailler.
Parmi les dossiers prioritaires des semaines et mois à venir, Procos en retient trois :
- Une urgence absolue : la réforme de la fiscalité du commerce, sur laquelle Procos demande la mise en place urgente de la concertation sur la base des conclusions du rapport de l’Inspection Générale des Finances. « Le rapport existe, il faut engager ce travail dès aujourd’hui, c’est une condition essentielle de l’équité entre les formes de commerce. Reporter le sujet n’est plus possible pour l’avenir du commerce dans les territoires. La nouvelle taxe Gafa ne change rien à cet impératif » affirme François FEIJOO.
- L’indispensable réinvention des lieux de commerce. Enseignes et bailleurs doivent travailler ensemble sur ce thème central pour améliorer la fréquentation et de ce fait, nos activités futures. Procos réfléchit à une « Charte des nouvelles relations entre bailleurs et preneurs en centres commerciaux » qui sera proposée aux bailleurs pour discussion dans les prochaines semaines.
- La modernisation des zones commerciales de périphérie. Le centre-ville a fait l’objet de toutes les attentions, c’est normal et il faut poursuivre, mais les magasins situés en périphérie doivent également se transformer. Il faut créer les outils adaptés, réglementaires et méthodologiques, mettre en œuvre des tests de collaboration entre les acteurs. C’est un dossier essentiel pour la bonne intégration entre commerce et territoire, un impératif car les magasins sont des acteurs fondamentaux de l’égalité entre les territoires.